Les Résidences pour personnes âgées (RPA) sont-elles des ghettos qui éloignent les vieux de la vraie vie ?

J’entendais l’autre jour, lors d’un documentaire à la télévision, un supposé spécialiste raconter que « les vieux avaient avantage à garder leurs racines dans le quartier qu’ils connaissent et avec les gens qu’ils fréquentent depuis longtemps».

« Il ajoutait que les vieux devraient se tenir loin des ces Résidences qui les déracinent et les confinent avec encore des vieux ».

Les cheveux m’ont dressé sur la tête ! Je gage que ce spécialiste n’a jamais mis les pieds dans une RPA. Je ne contredis pas que les avantages soient évidents pour les vieux qui peuvent évoluer au sein de leurs familles.

Par contre, ils sont si nombreux à choisir de vivre dans une RPA. Avec ma conjointe, je me suis joint à cette cohorte, il y a un an. Sommes-nous si déconnectés de la réalité pour avoir fait ce choix ?

Ajoutons qu’il suffit de se réaliser combien les hommes et femmes d’affaires, avides de succès, investissent en ce moment dans la construction de nombreuses RPA avec l’espoir de répondre aux besoins et à la demande pour les années à venir.

Les statistiques ne mentent pas. En 2017, il y avait 1837 RPA aux Québec. Il est facile d’en compter plus de 2000 en 2023. Toujours en 2017, il y a 6 ans, 121,210 unités étaient habitées par des vieux dont 87% ont plus de 75 ans.

40 habitations appartiennent à Chartwell, 52 à Cogir, 15 à Résidences Soleil, 37 au Groupe Maurice, et 33 au Réseau Sélection. Toutes les autres sont réparties à travers le Québec quoique la majorité des habitations se pavane dans la région du grand Montréal.

Au Québec, le prix moyen de ces loyers se situe autour de 2,000$. Évidemment, il s’agit d’une moyenne. Il ne faut pas oublier que le Gouvernement du Québec accorde un crédit pour le maintien à domicile. Ce qui réduit d’autant le coût du loyer.

Les vieux qui demeurent chez eux à la maison sont choyés s’ils reçoivent régulièrement et souvent de la visite. Sinon la solitude se fait présente durant de longues périodes. Surtout s’ils sont affligés de maladies ou d’incapacités physiques ! Si la santé les honore et qu’ils sociabilisent grâce à des activités, la vieillesse ne peut être qu’heureuse. Bienheureux ceux qui en profitent à domicile.

Quand la maison devient trop grande à la suite du départ des enfants ou à cause de la mortalité du conjoint, cette situation inspire à trouver un loyer plus restreint, ils sont innombrables à visiter les Résidences pour personnes âgées qu’on a baptisées les RPA.

Les statistiques énumérées ci-haut démontrent que ces résidences sont multiples avec un nombre d’appartements souvent importants et une panoplie de grandeurs. D’innombrables visites s’imposent pour découvrir les différents services dont les locataires peuvent tirer profit. Ce choix est d’autant plus important qu’il peut faire office de résidence permanente pour ses vieux jours.

Pourquoi les RPA sont-elles si populaires ? Elles le sont parce qu’on retrouve à l’intérieur de l’habitat un très grand nombre de facilités comme une piscine, des ateliers d’arts, une salle de gymnastique, des allées de quilles, des espaces de pétanque, une salle de cinéma, un dépanneur, une pharmacie, une coiffeuse, une grande salle à manger ( il est aussi possible de faire la cuisine à l’intérieur de son appartement), des tables de billard, plusieurs bibliothèques, des salons pour bavarder et même pour chanter au son d’un organiste ou d’un pianiste, de petits autobus conduisent les résidents aux divers supermarchés et aux spectacles, les stationnements sont généralement à l’intérieur, sans oublier la sécurité sous tous ses aspects. Des infirmières rendent de nombreux services. Les joueurs de cartes abondent et sont actifs. Les « bingos » sont toujours populaires. Les danses en ligne regroupent de nombreux adeptes. Des animateurs consacrent leur temps à organiser plusieurs activités.

Toutes ces facilités stimulent les rencontres et donnent naissance à bien des amitiés. Les résidents se saluent quand ils se croisent.

À l’intérieur d’un tel regroupement d’individus surgit une armée de bénévoles. À la Résidence-Soleil où je demeure, on compte près de 200 bénévoles. Il faut dire qu’il y a deux immeubles, ce qui signifie une grande cohorte de résidents aux intérêts divers.

Bien sûr, on peut définir ces résidences de « ghettos » parce qu’elles regroupent que des vieux actifs et autonomes. Je suis étonné d’observer la créativité qui règne parmi eux. Quand je croise de vénérables centenaires encore dévoués, je suis persuadé que l’existence même de ces « ghettos » participe au vieillissement serein de nombreux individus.

La vogue de ces établissements explique en partie le désir et les besoins d’une vieillesse qui ajoute de nombreuses années actives et en santé à la vie. La vieillesse devient un nouvel épisode de la vie, avec ses particularités, qui ne peuvent être disséminées au sein de la société.

CLAUDE BÉRUBÉ

 

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Une réflexion au sujet de « Les Résidences pour personnes âgées (RPA) sont-elles des ghettos qui éloignent les vieux de la vraie vie ? »

  1. Tres bon article Claude Félicitations pour l’exactitudes de tes informations

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