4 janvier 2025
Selon OXFAM, les 26 personnes les plus riches dans le monde possèdent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de se creuser. Une injustice qui aura des conséquences dangereuses pour l’équilibre du monde.
Une nouvelle oligarchie, une nouvelle aristocratie et une nouvelle bourgeoisie sont en train de s’installer grâce à la mondialisation. Les insurrections populaires risquent d’être plus nombreuses et dangereuses. L’Histoire est très volubile à ce sujet.
Les chefs de grandes entreprises deviennent plus puissants que les chefs des nations. Par leurs décisions, ils peuvent appauvrir, d’un seul coup, tout un pan entier de la vie d’une population bien ciblée.
Comment 2754 multimilliardaires (chiffres que j’explique plus loin), font-ils pour dormir sur leurs deux oreilles chaque nuit quand, dans de nombreux pays, les plus pauvres manifestent dans les rues ?
Les Haïtiens crient famine en saccageant leur capitale, Port-au-Prince, à cause du maigre deux dollars par jour de salaire !
Quand on a faim, comme au Venezuela, au Honduras, au Nicaragua, au Salvador, à quoi sert-il de se révolter ? Par milliers dans ces pays, ils ont pris la route, le ventre vide, souvent pieds nus, pour marcher d’interminables kilomètres en espérant se rendre aux États-Unis : leur nirvana ! Hélas, ils seront refoulés au Mexique, où la pauvreté aussi sévit d’une façon alarmante.
Les Palestiniens de la bande de Gaza se réveillent tous les matins entourés de ruines et privés d’un garde-manger.
Même la France qui semble épargnée, ne l’est pas moins. Les personnes les plus défavorisées, les Gilets jaunes, ont envahi les rues principales pour exiger un nouveau contrat social.
Voilà ce que nous racontent et nous montrent les médias sur la planète.
Pendant que tant de riches, devant leurs téléviseurs, regardant ce spectacle désolant, festoient avec une bouteille de vin à mille dollars. Ou un scotch aussi onéreux ! Ils savent, connaissent ce désarroi et ne s’en formalisent pas. Comment est-ce possible ?
Les politiciens et les riches propriétaires se répartissent les milliards de dollars reçus en subventions. Ce qui leur importe, c’est le rendement à la Bourse du jour et la possibilité des gains du lendemain. Une hausse faramineuse de 2,5 milliards de dollars par jour l’an passé.
Pendant que les nécessiteux ont vu leur famélique richesse diminuer de 11 %.
Certains riches font l’aumône de quelques petits millions, par-ci par-là, pour faire la charité à de bonnes causes et se donner bonne conscience.
Combien faut-il d’argent à ces biens nantis à dépenser par année pour être heureux ? 100 000 $, 300 000, $ 500 000 $, 1 million de dollars ? Peu importe ! S’il faut une somme aussi faramineuse à la base pour les rendre heureux, le surplus ne les rendra pas plus heureux. Quand ils amassent 20 millions de dollars par année, il y a bien 19 millions inutiles à leur bonheur.
S’il vous faut ces surplus pour être heureux, si amasser de l’argent comme Séraphin contribue à votre bonheur, il est urgent de consulter un psychiatre. Mais, si, grâce à votre mansuétude, vous osez redistribuer ce surplus pour amoindrir la misère humaine, vous n’en serez que plus amplement heureux.
Animé par l’injustice que je décris dans ce texte, je fustige cette richesse qui n’enrichit que les plus riches. Je fustige ces entreprises, et leurs dirigeants, qui produisent à leurs profits des produits nocifs pour l’humanité. Je fustige ceux qui accordent la priorité à leurs entreprises et à leurs dirigeants plutôt qu’à leur main-d’œuvre. Je fustige ceux qui fabriquent des armes pour s’enrichir et entretenir les conflits armés et la criminalité. Je fustige les fraudeurs innés et tous ceux qui se vautrent dans la corruption. Je fustige ceux qui distribuent, font ingérer des drogues et provoquent la déchéance humaine.
Comment font-ils pour dormir la nuit ?
Quand on sait que le système capitaliste pourrait apporter une participation bénéfique à la société, il risque fort d’être dévalorisé à cause de ces gens qui méprisent l’humanité.
Voici, en quelques mots qui suivent, une étincelle de joie et un rayon d’espoir émergeant au sein de cette élite financière.
Savez-vous qu’il y a 2754 multimilliardaires dans le monde et qu’ils possèdent 9200 milliards de dollars ? Savez-vous que seulement 189 d’entre eux ont déjà promis de verser à la société au moins la moitié de leur richesse. Ils ont promis de rallier les rangs d’un mouvement nommé GIVING PLEDGE (promesse de don), lancé en 2010 par Bill Gates et Warren Buffet. Ce mouvement a pour but d’inciter d’autres milliardaires à faire comme eux et de léguer à des œuvres humanitaires une partie, que dis-je, la totalité de ce qu’ils auront accumulé de leur vivant.
Bill Gates a lancé la fondation Bill et Melinda Gates en 2010. La fondation en 2018 disposait de 45 milliards de dollars, soit la moitié de ses avoirs. Déjà, la fondation consacre des centaines de millions de dollars chaque année à la santé et au développement dans les pays les plus démunis. Tout un pactole qui sera accessible à sa mort.
Pour sa part, Warren Buffet a accepté de céder à cette fondation la totalité ou presque de son immense fortune (42 milliards de dollars en 2018) quand il mourra. Âgé de 90 ans, ce dernier travaille à augmenter encore ses avoirs pour les léguer davantage aux œuvres, dit-il.
À son décès, le montréalais Charles Bronfman cédera la majeure partie de sa fortune, évaluée à plus de deux milliards de dollars, à des œuvres philanthropiques. Il a accédé au groupe des 189 signataires de « Giving Pledge ». S’ajoute à ce groupe feu Edgar M. Bronfman.
Feu André Chagnon a injecté 1,4 milliard $ CAN lors de la vente de Vidéotron, à la Fondation Lucie et André Chagnon. Cette dernière est vouée au développement des enfants et à la promotion des saines habitudes de vie. Cette fondation est devenue la plus grande au Canada. Quoique non-participante à Giving Pledge.
Quelle belle affaire de philanthropie et quelle belle initiative que ce « Giving Pledge »!
189 ultra riches ont joint cette initiative. Il en reste 1969 à convaincre. Parmi ces derniers, mentionnons les noms de Elton Musk (240 milliards $), Jeff Besos, président d’Amazon (200 milliards $) Ce dernier refuse de joindre le groupe. Ajoutons les noms de Mark Zucherberg, président de Facebook (71 milliards $ ) et Alice Walton, présidente de Wal-Mart, la femme la plus riche au monde avec 43,7 milliards $ et que dire des autres. Que font ces multimillionnaires de leurs avoirs outre des dépenses fantaisistes et la charité à la petite semaine ? Certains chiffres datent de 5 ans.
J’écris ce texte à la suite d’une insomnie où j’ai réfléchi à la pauvreté et l’immense fortune de ces ultra riches. J’en ai côtoyé plusieurs, au cours de ma vie, qui méprisaient les pauvres avec éloquence. Que de propos désobligeants et dégradants ai-je entendus à l’égard de leurs «esclaves » qui travaillent à les rendre riches et à l’égard de ces consommateurs qui y participent aussi.
Ceux que j’ai personnellement côtoyés, surtout dans les pays défavorisés où prospèrent, côte à côte, la pauvreté la plus abjecte et les plus grandes fortunes insensées, dorment bien sur leurs deux oreilles. Comment font-ils ?
Claude Bérubé