Mes tendres souvenirs. Épisode # 1

30 décembre 2024

83 ans. Une longue route de vie. Je suis surpris d’entendre des gens de mon âge raconter avec détails leur petite enfance. Alors que je n’ai pas ces souvenirs, sinon quelques flashes ou éclairs de certains événements.

L’autre jour, je passais devant l’épicerie de mon père, située sur la rue St-Dominique, près de Saint-Zotique. En fait, il n’y a plus d’épicerie, elle est remplacée par un logement. Mon souvenir d’enfance l’imaginait si grande. Mais je viens d’évaluer que la devanture ne mesurait que 15 pieds, moins qu’un dépanneur d’aujourd’hui. Pourtant, cette épicerie nous a fait bien vivre. Il y avait une porte communicante pour accéder à notre logement de même dimension.

Les résidents italiens ont commencé à s’installer dans les logements de la rue. Un Italien vint donc proposer d’acheter le commerce en menaçant d’ouvrir un concurrent à quelques portes de là pour servir sa communauté. Il offrit un prix équitable qui convint à mon père et lui permit de prendre sa retraite. Nous avons donc déménagé dans une spacieuse résidence située sur la même artère, mais près du parc Jarry.

J’avais 4 ans. Je m’en souviens, parce que j’ai fait ma maternelle dans la maison voisine, soit chez madame Durocher. J’ai donc fait toute mon école primaire à l’école St-Vincent-Ferrier.

Avant l’arrivée de la télévision, la radio m’a permis d’écouter les émissions de tante Lucille. Et c’est dans le sous-sol de l’église que j’ai assisté chaque samedi après-midi à la projection des films de Zorro, d’Hapalong Cassidy, de Gene Autry et d’Abbott et Costello.

Ces éclairs me rappellent l’hiver, les bancs de neige dans les intersections de rues qu’il me fallait enjamber pour aller à l’école le matin et l’après-midi. Les rues Casgrain, de Gaspé, Henri-Julien et Drolet. Une corvée pour mes petites jambes.

Les neiges abondantes de l’époque recouvraient tout, y compris le vaste champ situé derrière ma maison, juste à côté de l’imprimerie Thérien. Après les mémorables tempêtes, les bancs de neige s’amoncelaient jusqu’au toit de l’imprimerie. Nous réussissions à accéder à la toiture de l’imprimerie et nous dévalions à grande vitesse à bord de nos traînes-sauvages (toboggan) jusqu’au bout du champ.

À l’arrière de la maison, il n’y avait pas de clôture entre notre cour et celle des Aubé. Les aînés de nos deux familles aplatissaient la neige pour ensuite l’arroser et nous faire profiter d’une belle patinoire où se déroulèrent de mémorables joutes de hockey.

Je n’ai que peu de souvenirs de mon père et de ma mère à cette époque. Je ne me souviens pas d’altercations entre eux, et j’imagine que nous vivions une relation harmonieuse, familiale et heureuse. Mes deux frères étaient plus âgés de sept et quatorze ans, créant ainsi des générations différentes.

Mon père était un Gaspésien et ma mère une Acadienne. Quand les familles venaient à Montréal, notre maison devenait une auberge enthousiaste. Les violons et les guitares émergeaient des bagages pour amorcer des soirées festives au sous-sol. Quand mon parrain Rodolphe et son frère Yvon nous visitaient, ça criait avec entrain lors de parties de cartes mémorables.

Et pourtant, au-delà de ces événements disparates que je viens de raconter, peu d’émotions et d’humeurs parsèment mes souvenirs, m’apportent des traits de mon caractère et ne colorent pas plus ma personnalité naissante.

Claude Bérubé.

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