Vite le champagne ! Célébrons et valorisons la vieillesse

16 juin 2024

Vous souvenez-vous de vos trente ans ?  Moi, quand j’avais 30 ans, j’étais un tout jeune homme animé du désir de tout changer. Ma génération était en plein cœur de la Révolution tranquille.  Je trouvais ‹ VIEUX ›, mais ‹ Ô Combien VIEUX ›, les gens de 60 ans…et même de 50 ans.   Je déplorais leur conservatisme, c’est-à-dire leur attachement à des valeurs passées, surtout dépassées aux yeux de ma génération d’alors.

 ‹ TASSE-TOI PÉPÈRE ! LAISSE NOUS FAIRE ! NOUS ALLONS BRASSER LA CAGE ! › Toutes les nouvelles idées, toutes nouveautés étaient bienvenues comme étant LA seule solution.  C’était l’heure d’une révolution, une Révolution tranquille

Nous étions INVINCIBLES ! Nous étions AUDACIEUX !  Nous étions CONVAINCUS de pouvoir la réaliser !  Et surtout D’AVOIR RAISON ! 

Maintenant, âgé de 82 ans, j’appartiens à la génération des VIEUX SCHNOUKS, des VIEILLARDS qui regardent les jeunes « flos » : ces jeunes INVINCIBLES !  AUDACIEUX ! CONVAINCUS DE TOUT POUVOIR RÉALISER! Et surtout D’AVOIR RAISON !

Et je me demande ce qu’il va leur arriver. Je les trouve indisciplinés, non persévérants, branchés en permanence sur leurs appareils électroniques, avec peu de considérations pour les Vieux. Bien sûr que je prêche pour ma paroisse. Ce n’est plus comme dans mon temps…et c’est tant mieux comme ça.

Les erreurs de ma génération.

Je vois toutes les erreurs que ma génération a commises en voulant trop radicalement et trop rapidement décrasser les vestiges du passé, l’édifice de notre Histoire. Et je vois ces jeunes ‹ flos › répéter les mêmes erreurs. Si je le pouvais, je voudrais tant leur dire qu’il faut savoir et comprendre comment le peuple québécois s’est construit dans le passé, pour édifier le futur dans lequel ils vivent et vivront, dans lequel nous vivons tous  et vivrons tous.

Churchill disait ‹ Plus loin on voit dans le passé, plus loin on voit dans le futur. › Mais voilà, je voudrais réussir à leur dire ,mais nous sommes à leurs yeux, des ptits vieux dépassés qui devraient se contenter de jouer à la pétanque. Pourtant les vieux vivent, créent et participe activement à notre société, car ils vivent plus vieux et en meilleure santé.

Il fallait transmettre

Il faut surtout se dire que les jeunes sont élevés comme nous avons élevé nos enfants et comme eux ont élevé les leurs, à leur tour. S’ils ne manifestent pas aujourd’hui les comportements que nous voudrions, c’était notre responsabilité de leur inculquer nos traditions. Nous avions la tâche de transmettre notre savoir. Si on ne leur enseigne pas l’histoire, il ne faut pas se surprendre s’ils n’en connaissent rien.

Un reportage nous montrait récemment des jeunes dans la vingtaine qui n’avaient jamais entendu parler de René Lévesque, de l’Exposition universelle de 1967, de Claude Gauthier et Jacques Michel, ni Félix Leclerc.

Un jeune qui n’a jamais entendu de musique classique n’en manifestera aucun intérêt durant sa vie. Nous avons failli à la tâche. Nous aurions dû leur transmettre notre savoir, nos acquis, mais aussi les grandes valeurs nobles de générosité, de loyauté et de l’amour vrai.

Transmettre son savoir, c’est mettre les deux pieds dans l’immortalité, dans la suite après nous.

L’université de la vie

Aujourd’hui, j’ai atteint l’âge vénérable où je peux exhiber mon seul diplôme, le doctorat…que m’a décerné…l’Université de la vie.

Une longue vie pleine de remous, de joies, de peines, d’amour, de haines. Une longue vie pleine d’expériences, de réflexions et de savoir qu’on appelle la sagesse.

Autant de choses à léguer. Mais à qui ? Comment ? Encore faut-il qu’il y ait quelqu’un qui écoute, qui entend.  C’est la mission des vieux de léguer tout ce que la vie leur a appris. Sinon, ils emporteront avec eux toutes les pièces d’un trésor vécu, innommable, qui sera perdu à jamais. Un vrai gâchis !

Une citation dit : ‹ un vieux qui meurt, c’est comme l’incendie d’une bibliothèque. ›  Je me dis parfois que si je mourais demain, à quoi aurait servi tout le savoir acquis au cours de toute ma vie, si je ne l’ai pas transmis.

À quoi aurait servi la « bibliothèque de ma vie ». Tous ces livres que j’ai écrits un à un.  Je l’ai construite avec mes mains cette bibliothèque de ma vie.  Jour après jour.  Ce que la vie m’a appris y est imprimé dans ces millions de pages annotées.

J’y lis tout le bagage de ma vie avec ses succès, ses déboires, ses réussites, ses défaites, ses rêves réalisés et aussi inassouvis.

Oh ! Qu’il y en a du matériel ! 82 ans ! Plein à ras le bord ! Un grenier de souvenirs ! Une bibliothèque bien garnie ! Que d’histoires ! Que de repères !

Quel héritage !

Pour qui ? Il me faut une réponse, car je suis prêt et j’aimerais m’en faire un devoir, aujourd’hui, de sauver les meubles en transmettant ce savoir, cette sagesse !

Ce n’est pas parce que je suis un vieux pommier que je donne, de vieilles
pommes › disait Félix Leclerc.

SABRONS LE CHAMPAGNE. CÉLÉBRONS LA VIEILLESSE !

 

 

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