Il n’y a pas si longtemps l’actualité faisait la une avec la fragilité de la survie des médias. On se souvient des 10 millions de dollars que le gouvernement provincial avait investis dans pour faciliter le passage au numérique des six quotidiens Capitale. Le gouvernent Legault attribua 500,000 $ au Journal Le Devoir pour la même raison. Une coopérative bien subventionnée avait pris la relève des six quotidiens qui devinrent peu après des hebdomadaires vendus à la copie. Aux dernières nouvelles, on apprend qu’ils vont aussi vendre des abonnements électroniques.
À écouter les mémoires présentés en Commission parlementaire, les solutions passent par différentes nouvelles taxations du public et des géants du web, des crédits d’impôt pour payer les salaires et de multiples subventions des gouvernements. Plein de moyens pour combler le gouffre sans pour autant arrêter l’hémorragie de la perte de revenus.
Faute de revenus publicitaires suffisants, beaucoup de médias ont disparu et plusieurs se sont amenuisés. Mais un silence entoure la situation actuelle de cette industrie depuis les grands éclats de la commission parlementaire pour étudier les écueils qui attendaient l’avenir journalistique des médias.
Quel sort attendait les journalistes. L’information réduite causerait certainement un vide éminent de personnel dans bien des régions. Il y avait péril en la demeure. On souhaitait que les gouvernements prennent la relève pour sauver les emplois des journalistes.
Les journaux conservaient les lecteurs, mais perdaient des budgets publicitaires. Mais c’était le sort du journalisme qui occupait les discussions.
Pourtant la perte des revenus qui assurent la subsistance des journaux et autres est au centre de leur survie et de leur qualité. Les médias étaient et sont saignés économiquement par les géants du Web. Je ne me souviens pas d’un article qui abordait le thème de cette grugée, et pourtant c’est là le cœur du problème des médias.
Les responsables de la tragédie, parce que c’est une tragédie, ce sont les grands annonceurs, par l’entremise de leurs publicitaires et les agences de publicité. Ils ont droit de vie et de mort sur les médias. Ils influencent, même dictent, le comportement des médias par leurs exigences. Il leur suffit d’abandonner une forme de plateforme pour une autre pour mettre en péril toute une industrie versée à l’information comme c’est le cas présentement.
La vérité est que la publicité est toujours aussi efficace qu’avant dans les médias traditionnels. Évidemment, le fait que le web puisse promettre de mieux cibler les consommateurs constitue une avenue attrayante. Ces avantages apportent-ils aux campagnes publicitaires un résultat si mirobolant qu’il vaille la peine de priver les médias traditionnels et leurs avantages collatéraux, comme l’information générale, les créations culturelles et la vie communautaire.
Il ne revient pas au public par l’entremise des subventions gouvernementales de combler le gouffre de milliards de dollars occasionné par l’action de ces gestionnaires et chefs d’entreprise obnubilés par l’attrait de la nouveauté électronique en oubliant les ravages culturels qu’ils occasionnent. Il ne revient pas aux gouvernements de financer l’ineptie de certains décideurs-publicitaires.
Nos publicitaires ont dépensé sur le web plus de 9 milliards de dollars canadiens pour l’année en cours. Imaginez l’immense cadeau de nos entreprises canadiennes en investissant ces milliards de dollars, à l’avantage de Google, Facebook, et les autres qu’on appelle les « géants du web » et qui ne paient pas de taxes ni d’impôt.
Comble de l’ironie, nos gouvernements aussi et leurs compagnies d’états ont détourné vers la publicité en ligne des dizaines de millions de dollars privant d’autant nos médias.
Plus de 4 millions $ pour le gouvernement du Québec, 753,553$ pour Hydro-Québec et 864,459$ pour la SAQ. Outre les 9 milliards des annonceurs canadiens.
Il existe une loi fédérale qui ne reconnaît pas les dépenses publicitaires de nos entreprises dans les médias américains. Elles ne sont pas déductibles des dépenses des entreprises canadiennes. Donc un coût supplémentaire qui double l’investissement de nos entreprises. Un réel frein à cette pratique commerciale. Les Canadiens n’investissent plus déjà dans les médias américains évitant l’exode de nos dollars. La méthode est efficace.
Mais les géants du web s’opposent à cette interprétation. Ils ne sont pas des médias, disent-ils, ils ne sont que des plateformes diffuseurs de matériel qu’ils n’éditent pas.
Il suffit au Canada de les inclure dans la loi. Les annonceurs canadiens vont sûrement rebrousser chemin devint un investissement publicitaire moins profitable. Les médias canadiens vont retrouver une partie de leur rentabilité. Ce serait si simple. Pourquoi ne pas le faire ?