Une nation fête son existence. Mais qu’entend-on par nationale ? Nous étions des Canadiens français qui fêtions la St-Jean-Baptiste. Comme tous les Canadiens français du Canada. Mais vint un jour où ceux du Québec se nommèrent les Québécois et la fête devint nationale.
Nous divorcions des autres francophones au Canada puisque le Québec se proclamait « nation ». La nation québécoise se devait dorénavant d’inclure tous ces Québécois habitant sur le sol du Québec dont les origines étaient autres que canadiennes-françaises. Bien sûr, la langue française fut proclamée la langue officielle du Québec.
Donc, la Fête nationale inclut ipso facto les Italiens, les Arabes, les Vietnamiens et autres qui habitent le Québec.
Le spectacle de la fête se devait de représenter toute la nouvelle facette du Québec, celle qui est interculturelle, qui doit, par la force des choses, s’envelopper de la bannière française.
Ce fut réalisé en partie lors du magnifique spectacle présenté sur les quatre grands réseaux de télévision. J’écris en partie parce qu’ils y ont inclus une grande présence de la communauté noire et une présence remarquée de la communauté autochtone.
Il aurait fallu en ajouter une ou deux de plus pour bien souligner cette diversité qui honore la nation québécoise. On a tout de même souligné cette diversité lors d’un segment dynamique et rythmé où l’on souhaitait « Bonne Fête Québec ». Il est évident qu’elle devient aussi la Fête nationale des habitants de plusieurs origines.
Il importe de tous les inclure dans la fête afin qu’ils participent dans notre nation commune. Qu’ils fêtent aussi. Tout en étant français, le spectacle doit refléter cette nouvelle réalité. Ce spectacle ne peut plus se résumer à satisfaire les visées identitaires et restrictives comme par le passé.
Je lisais qu’il y avait, juste à Montréal, environ 72 communautés aux origines différentes. Un tel groupe est important et représente une large partie de la nation québécoise soit le tiers. Ce groupe prend de plus en plus d’importance au sein de la nation et ne s’identifie pas encore à elle.
Qu’avons-nous fait de concret pour les intégrer et leur permettre de se sentir Québécois ? À part leur proposer des cours de français, cette langue si difficile à apprendre. Que savent-ils de l’histoire du Québec ? Que savent-ils des Québécois ? De leurs intérêts, de leurs artistes, de leurs chansons, de leurs arts comme le cinéma ?
De toute façon, notre jeunesse n’en sait guère plus.
Leur contingent au Québec va toujours en croissant. La nôtre va en décroissant. N’y a-t-il pas un risque qu’un jour ils deviennent majoritaires et nous minoritaires ? Ce ne sera pas grave s’ils deviennent Québécois à part entière avec nous et nous avec eux. Sinon nous deviendrons folkloriques.
La Fête nationale ne doit-elle pas les inclure, puisqu’ils habitent sur le même territoire ? Malheureusement, nous n’y portons pas suffisamment attention. Nous avions tendance à festoyer la culture, la langue et les chansons francophones lors d’un événement identitaire, nostalgique et populaire. Fini la période du « nous » identitaire.
Faisons en sorte que la Fête soit nationale.