En écoutant le débat s.concernant les langues que doivent parler les immigrants ainsi que l’apprentissage des us et coutumes locaux, je me suis souvenu de mes multiples pérégrinations autour du globe. Être le seul blanc qui se promène au cœur d’une population visible au langage incompréhensible, aux us et rituels si différents et à l’alimentation aux antipodes de la mienne, a suffi à m’immerger dans un stress inconfortable.
J’imagine aisément le stress qui immerge l’immigrant qui arrive sur notre sol au cœur d’une population visible à ces yeux. Il ne comprend ni la langue française, ni anglaise. Il ne lit aucune enseigne. Seuls les sourires le réconfortent. Tout le malaise qui l’étreint est supportable à la pensée de la liberté qui l’attend.
Il suffit d’un interprète qui parle sa langue pour l’apaiser. Le son de sa langue maternelle lui procure un réconfort. Comme quoi une langue est plus qu’un moyen de communication. Mais la transmission d’une émotion apaisante. Qu’il recherchera tout au long de son séjour qui se prolongera.
Il est donc logique qu’il recherche la compagnie des citoyens de son pays qui sont déjà installés au Québec. S’il joint sa communauté regroupée dans un quartier, soit une enclave ethnique, style petit ghetto, il retrouvera une odeur connue, des us et coutumes familiers. La grande ville lui procure un sentiment de réussite future. Quel réconfort pour apaiser le stress de l’étranger !
La recherche d’un logis près d’un voisin de son origine lui permettra de se familiariser avec l’épicerie du coin et les produits exotiques de son pays.
Au Québec, il sait qu’il devra apprendre le français en plus de sa propre langue. Au contact de ses compatriotes, il découvrira que plusieurs ne parlent que l’anglais, langue plus facile, disent-ils, et plus efficace pour trouver du travail. La tentation est grande, mais l’offre du cours de français le fera peut-être pencher de ce côté. Certains de ses concitoyens le parlent déjà. Il fera un choix.
La grammaire d’une langue s’apprend sur les bancs d’école, mais la conversation s’initie avec les autres. Il est donc impératif qu’un immigrant qui veut apprendre la langue française en moins de trois ans doive fréquenter des francophones pour acquérir le vocabulaire et la sonorité de la langue.
Pour les plus jeunes, il existe bien des écoles multiethniques où on ne retrouve pas ou peu de québécois francophones. Si, au surplus, l’activité extra scolaire se déroule en anglais et dans la langue d’origine, il appert que l’apprentissage de deux langues en plus de la langue maternelle devienne un handicap. Généralement à l’avantage de l’anglais.
Pour tous les immigrés, il est évident que les journaux et magazines qui pénètrent à la maison ont une influence tout comme le choix des émissions de télévision. Les médias anglophones assureront un apport anglais plus important. Il est des quartiers où tous les logements ont une coupole. Ce n’est sûrement pas pour écouter les médias locaux.
À vivre uniquement avec les mets nationaux d’origine, on s’éloigne des habitudes du pays hôte au chapitre de l’alimentation. Un geste pourtant si gratifiant et apaisant au milieu d’un environnement parfois hostile selon sa vision.
« Cela me rappelle ce témoignage entendu à la radio, l’autre jour, où un Afghan racontait son intégration depuis trois ans. Il avait un enfant de 10 ans, femme, père et mère. Dans un français impeccable et québécisé, il racontait que son fils parlait un excellent français, mais que son père de 65 ans, l’âge difficile pour apprendre une langue sur un banc d’école, baragouinait l’anglais et parlait surtout la langue de son pays tout comme sa mère. Il est évident que les plus vieux nécessitent plus de trois ans et des cours plus adaptés si nécessaires pour s’intégrer. »
Si, au contraire, notre nouvel arrivant choisit un autre quartier ou autre région que son mini ghetto, il apprendra vite et plus facilement les rudiments de la langue française. Les produits alimentaires de son pays ne se trouvent pas facilement sur les tablettes de l’épicerie du coin. Il se familiarisera aussi avec les rudiments de la cuisine occidentale.
Au cours de mes voyages non touristiques, la bouffe et les recettes ont été un élément de rapprochement, de connaissances qui ont contribué à mon intégration rapide et à maintes amitiés locales.
Il y a toujours des comités d’accueil spontanés ou organisés, dans bien des pays tout comme au Québec, qui facilitent la socialisation, et l’immersion du nouvel arrivant. En vivant au milieu de la population locale, son intégration et la compréhension du pays hôte s’inculqueront plus aisément. En pouvant s’exprimer mieux en français, il y parviendra sans peine.
Son accès au travail sera certes accéléré par cette langue apprivoisée et les contacts de son comité d’accueil. Sa présence incitera la venue d’autres concitoyens. Dans bien des régions, de multiples fêtes s’organisent autour des différentes ethnies.
Certains plus nostalgiques abandonneront et iront retrouver leurs semblables dans les enclaves ethniques.
Mais il y a tellement de belles réussites dans les régions et les quartiers francophones qu’il vaut la peine d’insister davantage et de mieux gérer cet aspect de l’intégration à l’avantage du nouvel arrivant et du pays hôte.
J’ai écrit ce texte toujours en employant le singulier, mais j’inclus évidemment aussi la famille au complet.
Monsieur Bérubé votre sincérité â trahir les sentiments de bonne volonté qui vous animent et donnent un sens humainement humain â vos propos ne me laissent nullement insensible au désir d’en apporter mon brin d’éclairage. Soyez-en remercié â l’occasion. Voilâ, je viens d’un pays oû le dogmatisme de la tradition ne permet point de choix â l’épanouissement individuel sur les plans comportemental et intellectuel notamment. J’ai du opter pour le Québec pour plusieurs raisons entre autres la langue, la sécurité et le tempérament canadien pacifiste de ses habitants. Enarque de formation, avec 15 années d’expérience professionnelle dans la fonction publique je me prédestinais â un poste équivalent sinon â valeur égale â mon CV. Malheureusement ou heureusement pour moi cela n’a pas été le cas. Ceci pour dire que l’intégration par la langue est un leurre pour ne pas évoquer la véritable problématique de discrimination que nous autres immigrants avoir subi et subissons encore car »il n’ ya que l’arbre abattu des vents qui connait bien la tempête » dixit l’adage. Salutations Cordiales Monsieur Bérubé